13 Kingstone Avenue

A force de prendre chaque petite ruelle qu'elle croisait, Pearse avait fini par se perdre. Pourtant, elle s'était renseignée ! Oui, la première à droite, et la troisième à gauche. Puis, tout droit. Quand elle verrait le bâtiment jaune, ce serait tout de suite à gauche. Mais voilà, tout de suite à gauche, c'était une petite rue qui l'avait amenée à une autre petite rue, etc, etc... Mais la persévérance finit toujours par payer. Elle était tombée complètement par hasard sur l'avenue recherchée. Comme quoi, celui qui lui avait indiqué son chemin n'avait peut-être pas eu si tort que ça...

n°3... n°5... n°7...
Il fallait qu'elle sache, vraiment. Elle ne savait pas à quoi s'attendre. Les suppositions de son 'informateur' à la bibliothèque résonnaient encore dans sa tête. Un roman d'espionnage ? Un rendez-vous. Ca semblait tellement... incensé. C'était décidément ce qui ressortait de toute cette histoire.

n°9... n°11...
Si elle avait su ce matin qu'elle se retrouverait là, Pearse aurait hésité entre rester couchée toute la journée et aller en cours. Bien sûr, elle serait restée chez elle. Mais c'était déjà trop tard pour les regrets. Le numéro treize arrivait. Qui aurait voulu habiter au numéro treize ? Ce n'est pas censé porter malheur cette histoire ? Il manquerait plus qu'elle croise un chat noir...

Le bâtiment se dessina sous ses yeux. Pearse traversa l'allée. La maison n'avait pas l'air très accueillante, c'est pourquoi elle marcha en regardant ses pieds. Arrivée devant la porte, elle sonna et attendit patiemment. Elle était même prête à poser son colis dans la boîte au lettre et s'en aller.

Gathi avait un bien meilleur sens de l'orientation, et rapidement il trouva la rue en question. Il avait Pearse en vue, et patientait une cinquantaine de metres plus loin, a une terasse de café. Les sens alertes pour une raison encore obscure a ses yeux.

{Qu'est-ce que tu fais là ? Serieusement ... }

Il lachait un soupire alors qu'il commandait un café.

La sonnette résonna dans un bruit sourd et long. Le carillon semblait un peu embrumé, enroué. La porte en bois peinte, était écaillée, semblable à toutes les autres portes de l’avenue, déprimée, et sans vie.


Le bruit de clef retentit derrière la porte, suivit d’un petit cliquetis d’ouverture. La porte s’ouvrit dans un grincement aigu.

Une petite vieille femme se tenait la, ses yeux rond cachés derrière de grande lunettes, Elle portait une robe a fleur. Ses cheveux blancs argentés étaient attachés avec un ruban rouge.

« Te voila enfin, rentre le dessert va être froid, je t’ai préparé ce que tu aimes. » La vieille dame fit demi tour aussitôt, traînant ses chaussons au fond du couloir à droite, s’éclipsant ainsi à la vue de la jeune femme. Le mobilier était vieux et usé, pourtant il semblait plutôt familier.

{Rassuré ? Rentre chez toi ... idiot ... }

Gathi se gratta la nuque, c'etait effectivement une vieille dame qui remerciait Pearse avec de quoi manger ... Il etait rassuré, et avait deviné juste.

{ Va te coucher ... }

Il regla pour le café puis s'en alla.

[Direction l'Hotel]

Pearse attendit un peu. Il commençait à faire frais, c'est pourquoi elle frissona. Ou peut-être était-ce pour l'ambiance macabre qui ressortait de cet endroit. Elle ressera l'étreinte de ses bras autour d'elle-même, comme si ça pouvait la réchauffer. Le livre était contre elle, peut-être bien au chaud. Aussi, lorsqu'un bruit de clef dans la serrure retentit, la jeune femme fut plutôt rassurée. Elle allait enfin partir d'ici. Rentrer dans son immeuble miteux d'étudiante. Et se coller au radiateur était une option plus que probable.

Une vieille femme venait d'ouvrir la porte. Plus que rassurée d'avoir eu raison sur son informateur, Pearse soupira de soulagement. C'est pas qu'elle y avait cru, hein, mais à un moment, on finit quand meme par douter... La robe à fleurs, les pantoufles... Quel cliché ! La jeune femme espérait ne pas devenir comme ça. Plutôt une grand mère dans le vent...
Mais voilà, ce qui clochait le plus, étaient ses paroles. C'était quoi cette histoire ? Elle ne connaissait pas cette vieille. Elle n'en avait jamais connu d'ailleurs.

Si lui répliquer qu'elle n'était pas la personne qu'elle croyait lui avait fortement effleuré l'esprit, ne pas le lui rappeller semblait une bonne option. Pearse allait rentrer chez elle, et puis quoi ? Elle allait passer sa soirée devant la télé, avec un pot de glace pour provoquer un nouveau cliché. Alors que si elle rentrait chez cette dame, elle aurait droit à un plat chaud. Le calcul était plutôt vite fait...

Pearse pénétra donc dans la maison et suivit son hôte du jour en observant le lieu. Ca semblait si familier, et chaque meuble était usé jusqu'à sembler en ruine dans l'esprit de la jeune femme.

La table était comme Pearse l’avait imaginée, petite avec une nappe à fleurs jaunes. La cuisine bien que petite était très bien agencée, on aurait pu croire que tout était fait sur-mesure. Enfin cela devait être le cas.

La jeune femme avait une poêle sur le feu, mais elle n’en avait cure pour le moment. Elle était perchée sur une chaise, sur la pointe des pieds à chercher dans un placard…Vraiment très petite femme… Pour en sortir un pot de confiture.

"Ah je suis heureuse que tu sois la ma petite, tu sais je t’ai attendu toute la journée. Il me semble que tu aimes les crêpes, non ? Tu m’en diras des nouvelles…"

La vieille femme disait cela tout en s’affairant à sa popote. Versant une bonne louchée de pâte dans la casserole. Puis elle se retourna.

"Mais installe toi ma petite, enfin. Restes donc pas la. Tu es encore la seule qui vient me voir, les autres ils sont venus, m’ont tout prit et sont parti tu sais comme des voleurs, encore que je serai été heureuse au final que ce soit des voleurs… ma propre famille. Enfin toi tu es la seule que j’ai toujours aimée."

Elle fit sauter une crêpe en l’air pour la faire dorer sur son autre coté. Très bonne du poignet la petite femme.

La cuisine. Il y régnait une bonne ordeur de vie, comparée à l'entrée de la maison. Seulement elle était mélangée à l'odeur normale du vieux. Tout ce qui se trouvait ici semblait vieux. Sans vie. Usé.
Pearse regarda la femme fouiller dans un placard. Cette scène lui semblait d'un coup terriblement vieille, elle aussi. Cette femme aurait pu être sa mère, si elle avait été plus jeune, et si elle n'était pas morte aujourd'hui. Cette scène ressemblait à celle qu'elle avait vu mille fois dans sa cuisine lorsqu'elle était enfant. A défaut que sa mère n'était pas aussi petite.

Un peu sous le choc, la jeune femme recula de trois pas et finit par suivre les conseils de son hôte : elle s'assit sur une chaise qui avait l'air aussi vieille que le reste. Elle grinça un peu, mais ne céda pas sous son poids. Etant mince, Pearse n'avait pas à s'inquiéter de ce point là. Mais si ces chaises étaient là, c'est qu'elles pouvaient résister à plus lourd qu'elle, assurément.

"Euh... oui, oui, j'aime les crèpes...."

Pearse regarda encore autour d'elle. La vague sensation que sa tête tournait. Fermer les yeux, les rouvrir, et retrouver son aplomb. Il fallait faire bonne figure, jouer le rôle qu'elle avait choisi de jouer.

"Les autres ? ... Ils ne faut pas leur en vouloir, ils sont très... occupés en ce moment. Je suis sûre qu'ils vont passer bientôt."

Pearse posa le livre sur la table, persuadée que sa place était ici, dans cette maison.

Elle mit alors sa dernière crêpe sur la pile qu’elle avait déjà faite. Et l’emmena à a table ou se disposait deux assiettes, des couverts et le gros pot de confiture.

"Ah je vois que tu ne le quittes jamais !" dit elle en désignant de son doigt fin le livre posé sur la table.

Allez lis moi quelque chose, j’ai oublié mes lunettes je ne peux pas lire les poèmes qui sont écrit dedans. Elle s’intalla sur la chaise, les mains jointes elle attendait

Pearse regarda les crèpes avec une réelle envie. La personne à qui elle avait emprunté l'identité était-elle chez elle ici ? Aurait-il été malpoli de se servir ? La jeune femme jeta un coup d'oeil à la vieille. Après un infime instant d'hésitation, elle se servit et tartina un peu de confiture sur sa crèpe. La dégustant lentement, de peur de ne plus en avoir après. Elle s'arrêta en pleine bouchée lorsque son hôte lui parla.
D'un geste peu sûr, elle posa le restant de crèpe, s'essuya les mains sur une serviette et leva les yeux vers la dame. Un léger silence c'était installé, mais il n'avait rien de pesant. Ce livre, était-il la caractéristique de quelqu'un ? Sûrement important. Si cette adresse était notée, c'était sûrement pour ne pas oublier où habitait cette vieille dame. Pour quelque chose d'important... Et puis, quels poèmes ? Non, quelque chose n'allait vraiment, vraiment pas dans cette histoire.

Pearse recula son assiète. Elle n'avait plus faim.

"Voyons, il n'y a rien d'écrit là-dedans. A part l'adresse de la maison..."

C'était peut-être une erreur de sous-entendre qu'elle n'était pas celle que la femme croyait, mais ça lui avait échappé sans qu'elle s'en rende compte. Et comme pour s'assurer de ses dires, Pearse avança le livre vers elle et l'ouvrit.

La vieille dame se pencha intriguée. Elle sourit alors.

«A chaque fois je me fais avoir, tu le dis avec tellement de conviction… » Lâcha t elle en retournant le livre vers Pearse. Les pages n’étaient plus blanches. Mais, les pages étaient noircies d’une belle écriture manuscrite.

Bonjour Pearse. Ceci peut te paraître étrange mais il n’en est rien. Tu as été choisis pour une chose, laisse moi te l’expliquer.

Cette vieille femme vie ses dernières heures, oui ce soir lorsque tu franchiras cette porte cette vielle dame ne sera plus. Ecoutes la attentivement et tu en seras grandement récompensée. Bien que cela sera dur. Car cette dame a toujours su se faire aimer au premier regard.

Accompagnes la je t’en prie.

N’ais point de crainte un ange veille sur toi ce soir.

Pearse posa les yeux sur le livre, sceptique. Son regard s'agrandit sur le coup de l'émotion. La jeune femme s'écarta, surprise, bousculant sa chaise au passage. Non, non, ça n'était pas possible ! Il n'y avait rien, rien là-dedans ! Et s'il y avait eu quelque chose, son informateur le lui aurait fait remarquer. Ses perles allèrent du visage de la grand-mère au livre, puis du livre à la vieille. Finalement, elle s'avança vers le bouquin et regarda la page noircie.

Pourquoi ? Oui, voilà la seule réponse qu'elle avait à apporter à cette page qui, soudainement, s'était mise à lui parler. Si elle avait envie de parler, elle allait lui en faire passer l'envie. Prédire la mort de quelqu'un, ce n'était pas des choses à faire pour la rassurer. Néanmoins, si le livre disait vrai, ce n'était pas le moment d'inquiéter la femme. Pearse lui adressa un regard mi-complice, mi-mystérieux, sans savoir vraiment comment réagir. Il fallait qu'elle croit qu'elle lui faisait une farce, seulement sourire, ça n'était pas son truc. Elle décida donc de ne rien ajouter sur sa réaction.

"Un poème, hein ?"

La jeune femme ferma les yeux, fouillant dans sa mémoire ce qui pourrait lui être utile à ce moment précis. Un poème... ça n'était pas sa lecture préférée. Mieux vallait assurer ses arrières... Pearse ouvrit les yeux et fit semblant de lire.

" Le ciel nocturne et bas s'éblouit de la ville
Et mon cœur bat d'amour à l'unisson des vies
Qui animent la ville au-dessous des grands cieux
Et l'allument le soir sans étonner nos yeux

Les rues ont ébloui le ciel de leurs lumières
Et l'esprit éternel n'est que par la matière
Et l'amour est humain et ne vit qu'en nos vies
L'amour cet éternel qui meurt inassouvi "

Contente d'elle-même, Pearse venait de se souvenir d'un poème étudié en cours. Nocturne, d'Apollinaire. La jeune femme jeta un dernier coup d'oeil au livre avant de le refermer, histoire de ne pas avoir encore à réciter un poème, sinon, elle allait être vite à cours...

"Et... quelles sont les nouvelles ?"

Avec cette question, elle était sûre qu'elle ne prenait aucun risque.

Derrière une petite entré d'un gazon jaunit, une vieille maison était câlé entre deux blocs appartements. D'un look victorien, elle avait sans doute survécue aux incendies et à la nouvelle mode des condos constuit après avoir tout râsé. Si ce n'était de la lumière à l'intérieur, la maison semblait avoir été abandonné.

Remontant l'allée, il remarqua que la lune ne pouvait pas le voir maintenant. Mauvais présage ? Il était sans doute déjà trop tard.

Il vérifia à l'intérieur d'une boîte au lettre en bois si du courrier avait été oublié. Histoire de voir à qui appartenait la maison mais la boîte était vide. Sur le mince perron un chaîse était installé.

Il avait envie de partir, il n'était pas trop tard. Il n'avait qu'à rebrousser chemin et tout irait bien. Comme pour ce convaincre de rester il appuya sur la sonnette.

- Voilà maintenant. Tu vas quand même pas me dire que tu as peur d'une vieille maison !

La gardienne lui avait dit que lorsque la lune s'éveillerait, une jeune femme allait trouver la mort. Que c'est en risquant la sienne qu'elle pourrait être sauvé. Il chercha dans sa poche le porte-bonheur donné par le chinois. Il le serra si fort qu'il entendit les grains à l'intérieur ce briser sous la pression.

Il ce parlait tout bas. Comme si la nuit pouvait l'entendre. Il ce mordit les lèvres lorsqu'il entendit des pas feutré de l'autre côté de la porte.

"Oh magnifique poème ! Oh rien de bien nouveau ma petite.
Tiens reprends donc une petite crê…"

La vieille dame s’arrêta quand la sonnette retentis. Elle regarda la pendule accrochée sur le vieux mur tapissé.

"Tu veux bien aller ouvrir ma petite Pearl ? Je pense que c’est monsieur Marth qui vient faire sa petite ronde et prendre un café… Elle se leva, tirant sa chaise, et remonta sur celle-ci pour accéder à son placard. A la recherche du café ?"

"Très bien."

Pearse observa encore un peu cette petite femme qui semblait savoir des tonnes de choses, d'après le livre. Maintenant qu'elle la regardait attentivement, la jeune femme pouvait lui déceler la même aura de mystère que l'inconnue qui lui avait donné le livre. Ou peut-être n'était-ce seulement pour la seule raison qu'ellevenait de prononcer un nom qui sonnait à ses oreilles comme le sien. Terriblement familier. Au moins, elle savait comment se nommait la personne dont elle avait pris la place. Elle ne préférait pas réagir sur le point que le nom semblait la désigner réellement. C'était une sensation erronée. C'était tout. Elle inspira profondemment, histoire de bien assimiler tout ce qui allait se passer. C'était si étrange, qu'il vallait mieux qu'elle ne se pose plus autant de questions qu'au début.

La jeune femme se leva, traversa le couloir et s'arrêta une minute devant la porte. Allez, ce n'était pas le moment de reculer. Et puis elle avait aussi bien le choix d'ouvrir la porte et de s'en aller en courant, loin de toute cette histoire incensée. Mais si jamais elle partait d'ici, la vieille femme allait mourir. Enfin, c'était ce que le livre lui avait raconté. Pearse finit par prendre la poignée dans sa main, et ouvrit la porte. Ses perles glacées se posèrent sur l'homme devant la porte.

"... Oui ?"

Au bon moment pour voir arriver le reporter devant la porte ...
Il rabattit sa capuche et quand la porte fut ouverte ...
Il restait de l'autre coté de la rue, attentif ...


{Des crepes ? ... Elle met trop de fleur d'oranger on dirait }
Mais ce n'etait pas cette odeur qui restait imprimé dans sa memoire ...
Il fermait les yeux, ressemblant a un individu patient et fatigué auquel on a posé un lapin.
[Gathi ecoute ce qu'il se passe dans la maison.]
(Bruits de pas, cliquetis, battements, souffles, etc)

- Pardonnez moi de vous déranger, je sais qu'il ce fait tard mais j'ai absolument besoin de vous parlez.

Il eu peine à reconnaître sa propre voix tellement les mots c'étaient évaporé rapidement. Il jeta un coup d'oeil autour de lui pour voir une silouette de l'autres côté de la rue. Elle n'y était pas il y a un instant. Il n'y avait pas un instant à perdre.

- Puis-je entré un instant ? Sa ne sera pas long.

Il croisa les doigts. Il avait payé le chauffeur de taxi trop rapidement. Si le taxi serait resté là, ils auraient pu quitté sain et sauf. Maintenant il devait patogé pour simplement lui expliquer la situation. Il restait toujours une possibilité.

Il fouillant dans son sac et ouvrit rapidement une des enveloppes contenant des photos. Après en avoir sélectionné quelques une il les présenta à la dame. Sur les photos il y avait une femme très belle, vêtue d'une robe d'un rouge éclatant. Sur les photos elle semblait en admiration devant un portraît d'une salle d'exposition.

- Si vous connaissez cette femme vous allez sans doute me croire.

Présenté les photos de la gardienne était son dernier espoir. Les gardiens connaissaient beaucoup de secrets sur les gens. Mais ils laissaient toujours ses mêmes personnes le choix de leur sort. Si sa vie était maintenant en danger c'était à cause d'un de ses choix. Les grains craquèrent denouveau dans le petit sac porte-bonheur.

D'abord sceptique, Pearse observa longuement l'individu. Il n'était pas désagréable à regarder, sans être forcément différent d'un autre. Quelqu'un qui arrive, qui sonne chez vous, et qui demande à vous parler en faisant de cette action une absolue nécessité, ce n'était pas censé être louche ? A la différence que Pearse n'était pas chez elle. Elle jeta un coup d'oeil au bout du couloir, nerveuse. Cet homme n'était sûrement pas monsieur Marth, comme le lui avait suggéré la vieille dame.

A la fois intriguée, curieuse, sceptique, déboussolée et nerveuse, la jeune femme préférait rester muette, de peur de ne dire une bêtise. Les idioties pouvait sortir si vite, qu'il valait mieux fermer leur porte d'entrée. Ses yeux fixaient encore l'homme dans une inspection dérangeante, le visage neutre, sans expression.
Seulement, lorsqu'elle eut la photo dans les mains, Pearse afficha une expression surprise. Cette femme, c'était la femme du livre, elle la reconnaissait ! Même sur cette photo, elle gardait une aura respectueuse et mystérieuse, pratiquemment palpable.

"Formidable photo..."

Son visage se referma soudain. Elle jeta encore un coup d'oeil par dessus son épaule histoire de voir si la femme n'aparaissait pas dans le coin du couloir, et puis elle s'effaça sur le côté pour permettre à l'homme d'entrer. Pour ne pas alerter la femme, Pearse préféra chuchoter, encourageant l'autre d'en faire autant.

"Tu veux quoi ? Et dis-moi qui est cette femme !"

Tim s'efforça de chuchoter voyant qu'elle n'était pas seul dans la maison. Sa seule chose qu'il pouvait ce permettre comme regard lui permis de confirmé que ce n'était pas cette jeune femme qui avait fait la décoration.

Elle semblait plus grande que lui. Pas de beaucoup mais juste assez pour que ce soit déconcertant. Il était sûr qu'un ouragan pouvait passé dans ses yeux qu'elle ne changerait pour rien au monde son expression.

- Ta vie est en danger ! Elle m'envoie pour t'aider à fuir. Faut dire à ta famille de quitté vite !

Il mentait. Ce soir, c'est lui qui allait beaucoup souffrir; Dans son échec ou dans sa réussite il avait marqué à la craie l'endroit où le Tim Spirit qu'il connaissait allait périr. Bon dieu pourquoi il n'avait toujours pas de cigarette !

- Quelqu'un désire ta mort. La gardienne me dit de ne pas chercher la raison mais de fuir simplement. Tu as un endroit pour te cacher ? Appelle un taxi le mien est partie.

En regardant par la porte il remarqua l'homme toujours de l'autres côté de la rue.

- Vous avez une porte arrière ?

Fermant la porte il actionna le verrou. Il savait que ce n'était pas ce simple loquet qui allait empêcher un magicien d'entré mais c'était la seule idée pour le moment.

{ Ton coeur bat vite ... Vie ... danger ... fuir ... mort ... fuir ... cacher ... Doucement là ... Tu es un mauvais menteur, ou tu es neophyte ... }
Une seconde il etait là, l'autre il avait disparu, volatilisé du champ de vision de Tim.

{ Je sais maintenant pourquoi mon instinct m'a trainé ici ... Ce serait vraiment marrant que cette gosse soit une sorte d'espion }
Il faisait tranquilement le tour, pour anticiper une porte de sortie secondaire attentif au moindre appel telephonique.

{ Manuel du Sismi par Sergio Siracusa chapitre sept, alinéa onze :
Dans l'eventualité d'une surveillance a l'insu de la cible, il se peut qu'un spia tente d'exfiltrer la cible en feignant de rejoindre son camp et en pretextant d'un danger imminent pour la forcer a une prise d'action rapide et irreflechie. Si cette manoeuvre se revele etre un succes soyez pret a proceder code 5 ... }

Cette resurgence d'information mit un centieme de seconde a remonter et un s'incrire dans la tete de Gathi.
Il n'avait pas survecu en enfer juste avec son instinct ...
Connais ton ennemi ...
Il n'y avait pas tele pour lui, a l'epoque, il n'y avait que les reste des adversaires, et a chaque adversaire il y avait toujours de quoi apprendre.
La chance faisait apparaitre un livre, ou une cassette des Stones. Mais aujourd'hui elle avait apparaitre quelqu'un. Et il ne comptait pas laisser le destin s'amuser avec lui. Il prit une position strategique, sabordant son champ de vision au profit d'un lieu où les sorties etaient accessibles rapidement. Il etait adossé a un des murs de la maison, et patientait jusqu'au moment où il devrait agir.

Ses doigts jouaient nerveusement avec les bords de la photo qu'elle tenait encore entre ses mains. Cette femme était sûrement la clef de tout ce qui lui arrivait. Si elle la retrouvait, elle pourrait lui expliquer tout ce que se passe. Et surtout, surtout : pourquoi elle ?
Ce n'est pas que partir l'aurait gênée, loin de là. L'envie de partir en courant n'était pas pour lui déplaire. Ne jamais se retourner, oublier cette journée, s'inventer amnésique non plus, d'ailleurs. Seulement, voilà, elle avait des choses à apprendre, et elle ne pouvait pas laisser la vieille dame ici. Elle ne pouvait pas non plus la suivre. Alors, voilà l'impasse.

"Je n'ai pas de famille, et je n'ai pas l'intention de partir. Si cette femme sait tant de chose que ça, elle n'avait qu'à venir elle-même au lieu d'envoyer un de ses larbins."

Pearse jeta encore un coup d'oeil par dessus son épaule. L'impasse était là. Elle pouvait tenir compagnie à une vieille dame et apprendre énormément de choses et attendre une fameuse personne qui voulait sa mort, ou bien s'enfuir avec l'homme et ne pas se retourner. Si elle voulait bien le croire, c'était bien parce que ce soir, un livre lui avait parlé. Après avoir subi cette expérience, on est en droit de tout croire.
La jeune femme planta ses yeux dans ceux de l'homme.

"Désolée, je vais rester ici. Je n'ai pas le droit de m'en aller maintenant. Je ne sais pas s'il y a une porte arrière, mais je pense qu'elle ne sera pas offencée si tu restes prendre le café..."

- larbin ? Un café ?

Dit si simplement. Elle était tout comme lui orpheline. Elle avait trouvé dans cette vieille maison quelqu'un pour veiller sur elle. Quelqu'un qui allait sans doute lui faire défaut dans le pire moment. Si elle voulait rester il ne pouvait pas l'obliger. Un simple café ? On pouvait déjà sentir l'odeur du percolateur. Il y avait aussi un délicieux parfum qu'on ne pouvait pas reconnaître en un instant.

Une sorte de sensation d'être chez soi; un vesselier contenait les couverts pour les grandes occasions, plusieurs bibelots et assiette décorait les tablettes et les murs. Tout semblait soigneusement rangé suivant un protocole minutieux. On pouvait entendre le balancier d'une horloge grand-père, caché quelque part.

- J'avoue que ce serait bien aimable. Sa va m'aider à mieux t'expliquer qui est cette femme. Mais je ne suis pas son larbin. Je suis un peu comme toi en ce moment je n'ai pas de chez moi.

Il retira son veston et le déposa sur sa mallette. Essuyant ses souliers sur le vieux tapis avec soin, il garda son porte-document sous le bras et ce dirigea vers la cuisine. En suivant la jeune femme il laissa dérivé son regard dans la maison cherchant pourquoi tout pouvait sembler familier.

Le message commençait à faire son bout de chemin dans la tête de Pearse. Si la femme l'avait envoyée ici, alors la vieille dame devait connaître certaines choses sur ce qu'il se passait. Mais la jeune femme préféra mettre cette hypothèse de côté, la conservant pour se rassurer. Si l'homme parlait de la mystérieuse femme, peut-être que son hôte pourrait rajouter quelques renseignements. Elle le scruta encore une fois de ses yeux, le dévisageant comme pour ne pas oublier ses traits, ne pas l'oublier, lui.

"Suis-moi."

Elle passa sous silence le passage du 'je suis comme toi'. Non, elle n'était pas comme lui. Elle n'avait pas cette sorte d'assurance qu'il avait dans le regard. Elle n'avait pas ses connaissances, et son courage d'être venu... 'la sauver' ? Non, elle n'était pas comme ça. Au fond d'elle, elle ne rêvait que d'une chose : s'en aller. Le plus vite possible. Rentrer dans cette maison avait été un mauvais choix. Finalement, son studio miteux avait plus d'attrait.

Pearse traversa le couloir, écoutant les bruits de la maison mi-silencieuse, mi-animée. On entendait les bruits de leurs pas, ceux d'une horloge, et d'autres venant de la cuisine. Une fois le pas de la porte passé, la jeune femme s'arrêta et regarda la vieille dame.

"C'était un ami. Je l'ai invité à prendre le café. J'espère que ça ne te dérange pas."

Elle reprit sa place et repoussa le livre d'un geste nonchalant. De son regard elle désigna une autre chaise à l'homme. Pearse allait le présenter à la dame, mais elle se rendit compte au dernier moment qu'elle ne connaissait pas son nom. Elle referma donc la bouche qu'elle avait ouverte sans avoir sorti un seul son.

Voyant le mal de sa partenaire de table de le présenté il ouvrit la marche. Tout en parlant il s'installa sur la chaise présenté.

- Je suis Tim. Tim Spirit. Je suis journaliste. Je travail à temps partiel pour le Cloverdale Sun. Le reste du temps j'écris des articles pour les quotidiens qui en veulent bien. Je peux ?

Il n'avait pas fixé autre chose que les crêpes qui était resté au centre de la table. Hésitant tout dabord armé d'une fourchette, il glissa une crêpe dans l'assiette qui était tout prêt de lui. Ne lésinant pas sur la confiture il avala presque sans mâcher une énorme bouché.

- Je travail moins depuis une semaine. Des gens me poursuivaient. Ils ont sacagés mon appartement et tout balancé par les fenêtres. J'ai été obligé de vivre un peu partout depuis. Vos crêpes sont délicieuses madame !

Il poursuivit son admiration en avalant en un temps record la crêpe devant lui.

- J'ai croisé beaucoup de gens bizarre depuis la dernière semaine. La plupart voulant du bien mais il faut absolument lire entre les lignes. La dame sur les photos fait partie de ses personnes. Elle est énigmatique presque tout le temps. C'est une gardienne. Elle protège les gens qui sont nouveaux selon moi. J'en sais pas plus. Les gardiens offrent gratuitement leur conseil et ensuite ils disparaissent. J'ai jamais vraiment essayé d'en poursuivre un.

Il fouilla dans son sac laissant plusieurs série de photo sur la table. il en choisit quelques unes et laissa les autres dans son sac qu'il replaça prêt de lui.

- J'ai une autre photo d'un gardien. Enfin presque. Il s'appelle Samuel Radcliff. Le troisième gardien j'ai croisé est agent de police ou inspecteur. Ils veillent tous sur nous.

Il était en transe. L'enfant en lui voulait raconter toute ses malchances. C'était peut être la maison ?

Zohar observa la porte d'un air sceptique. Puis en se mettant une main sur les yeux et en frappant comme un gorille, il l'a fit violemment volé en éclat. Il portait cette fois-ci une espèce de long sweats à capuche complètement déchiré et troué de toutes parts. On y voyait un t-shirt blanc en dessous lacérer lui aussi et faisant apparaître une blessure sur le bras gauche. Le sang avait déjà coagulé mais à voir comme ça, la plait n’avait pas été traité. On aurait dit qu’il c’était battu contre un ours. Son impressionnant stature et son état lui donnais l’air d’un barbare de l’ancien temps.

Il enjamba le porche qu’il avait réduit en débris en se mettant une main sur la bouche et il lâcha un léger « oups » en regardant les bouts de bois partout éparpillé par terre. Il faisait de large enjamber avec un sourire niais, limite clownesque qui avait des airs de machiavélismes.

Il fit une révérence de petite fille en regardant l’assemblé. Puis il ouvrit la bouche pour imposer sa voix grave et granuleuse à tout le monde :

« Bonjour tout le monde, belle journée hein ? »

Il scruta Tim dans les yeux, puis dans un geste vif et rapide il sortit un de ces portables dernières générations de sa poche. En se grattant la tête et en baillant légèrement il vint à s’accroupir pour être à la taille de tout le monde présent. Il avait légèrement baissé les yeux sur le portable.
Et en ré observant Tim il secouait la tête de gauche à droite en fermant les yeux :

« THeuh TH TH T t… Petit Tim il n’est pas bon de parler du grand secrets à des personnes mêmes pas encore éveillé »

Le ton de sa voix disait qu’il se moquait lui-même de ses propres paroles. En observant Pearse il murmurera légèrement.

« AH ! te voila toi, regardez moi cette magnifique… » Puis il se tourna brusquement comme surpris.

« Je rectifies ces deux magnifiques ! Eh bien il y a du beau monde ici »

Il fit alors craqué sa nuque et se releva brusquement.

Dans un air à la fois doux et souriant il regarda Pearse :
« Vous venez avec moi ? »

Pearse écoutait le dit Tim. Il avalait avec gourmandise des crèpes dont il ne faisait qu'une bouchée. Entre deux bouches pleines, il lui racontait des choses incohérentes. Ou du moins, elles avaient sûrement du sens pour lui, mais pas vraiment pour elle. Néanmoins, elle réussit à capter deux trois phrases. Notamment à propos de la femme et de ... gardiens ?

"Gardiens ? Gardiens de quoi ?"

Pearse secoua la tête. Cela n'avait toujours pas de sens à ses yeux. Les pièces s'emboitaient comme un puzzle, mais dans un sens qu'elle ne comprenait pas. Tout semblait désorganisé, comme si l'image qui devait apparaître à la fin du puzzle était abstraite.
Tim n'eut pas le temps de lui répondre. Il y eut un grand bruit fracassant qui fit sursauter la jeune femme, comme si l'on abattait un mur de la maison, et puis un homme plutôt grand fit son apparition. Pearse se leva et recula, cachant par cette occasion la vieille dame.
Il parlait de secrets, et de personnes par éveillées. Il parlait de merveilles, et s'adressait à elle. Ses prunelles de glace le regardèrent, un peu anxieuse. Au fond d'elle, elle était littéralement terrifiée. Mais qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi était-elle rentrée dans cette maison ? Pourquoi n'était-elle pas partie en courant ? Et putain, qu'est-ce qu'elle fichait au milieu de tout ce bordel ?
Naturellement, elle se tourna vers Tim. Après tout, l'autre venait de prononcer son nom.

"Euh... tu le connais ou c'est le genre de personne dont tu me parlais qui ne nous veut pas du bien ?"

Dans un relan de courage stupide, Pearse se redressa, sans oser le regarder dans les yeux. Cet homme, elle ne pouvait pas le braver, le dévisager. Il était si imposant -pas seulement par sa taille, mais par ce qu'il dégageait-, qu'on n'osait pas vraiment le contredire. Enfin, il n'y avait pas que sa vie en danger.

"Et vous, je ne vois pas pourquoi je vous suivrais."